Un essor programmé
Vantés depuis des années, les véhicules électriques tardent à s’imposer. Pourtant, face à la raréfaction du pétrole, ils semblent être la seule alternative. Les ressources des deux plus gros consommateurs d’hydrocarbures s’épuisent, les États-Unis, comme la Chine ne disposent à priori que de 10 années de réserves de pétrole [1]. La situation n’est guère meilleure au Moyen-Orient, principal fournisseur en or noir. L’Arabie Saoudite, qui produit 13% du pétrole mondial, dispose désormais de moins de 60 ans de réserve. Les Émirats Arabes Unis auront le même problème dans moins de 70 ans, le Koweït d’ici 90 ans et l’Irak dans moins d’un siècle. Il ne reste donc que quelques décennies d’utilisation du pétrole.
Pour permettre aux citoyens de conserver une certaine mobilité, il va donc falloir se tourner rapidement et largement vers les véhicules électriques. Si les investissements restent pour l’heure timides, certaines entreprises se sont déjà tournées vers l’électrique et se partagent le gâteau. Elles sont au nombre de cinq : l’américaine Tesla, l’allemande BMW, la française Renault, la chinoise BYM et la japonaise Toyota. On voit donc que les pays développés, principaux consommateurs de pétrole, se sont emparés du problème et développent une ingénierie du véhicule électrique. De même, les deux plus importants salons dédiés se tiennent à Montréal et à Friedrichshafen en Allemagne. Pourtant, les nouvelles ressources indispensables ne se trouvent ni en Amérique du Nord, ni en Europe.
De nouvelles ressources indispensables
Si le développement des voitures électriques se fait dans les pays développés, les matières premières nécessaires à la conception des batteries se trouvent surtout dans des pays en développement. Le Moyen-Orient ne sera plus le centre de l’attention des grandes puissances qui vont désormais tourner leurs regards vers d’autres horizons. La pétrole va être remplacé par le lithium et le cobalt. A l’exception de l’Australie, seul pays à produire à la fois les deux métaux rares, les exploitations de lithium et cobalt sont disséminées sur la planète. Pour le lithium, l’Australie détient les plus importantes réserves prouvées avec 48,7% du total. Le Chili détient lui 21,9% des réserves mondiales, la Chine 17% et l’Argentine 7,5% [2]. Pour ce qui est du cobalt, c’est la République Démocratique du Congo (RDC) qui détient 69,9% des réserves mondiales, suivie de loin par la Russie avec 4,3%, l’Australie avec 3,6% et les Philippines 3,2% [3] .
On voit donc l’importance que va jouer la RDC dans les décennies à venir. Le pays, particulièrement instable, détient les 2/3 des réserves de cobalt et il est pour l’heure impossible de concevoir des batteries pour les véhicules électriques sans ce métal. Il y a fort à parier que les grandes puissances vont s’intéresser de près à ce qui se passe dans ce pays d’Afrique équatoriale. Pour le lithium, la situation est différente car, même si l’Australie détient près de la moitié des réserves mondiales, les ressources présentes au Chili ou en Chine ne sont pas négligeables. Toujours est-il que l’approvisionnement en lithium et cobalt va devenir la préoccupation première dans les décennies prochaines et que des États comme la RDC mais aussi comme le Chili ou l’Argentine vont attirer des convoitises. Reste à savoir s’ils resteront souverains pour l’exploitation de leurs ressources.