La difficile sortie de crise en Syrie, l’affaire de Jérusalem et le regain de tension entre le Yémen et l’Arabie saoudite sont les trois sujets qui préoccupent les chancelleries occidentales en cette fin d’année 2017. Les divergences de point de vue entre les grandes capitales sur ces trois points ne facilitent pas le jeu des diplomates.
Conforté par l’intervention militaire russe en Syrie et le soutien sans faille de Téhéran, Bachar el-Assad répète un discours arrogant qui vise la politique du monde occidental en général et celle de la France en particulier.
En pointe sur ce dossier en raison de l’appui qu’il cherche à apporter au Liban, Emmanuel Macron a l’ambition de renouer avec Téhéran tout en condamnant Assad ; même s’il reconnaît que celui-ci est un interlocuteur incontournable pour sortir de la crise.
Cette gymnastique diplomatique, qui a pour objectif de se différencier de la position plus tranchée des années Hollande, porte finalement une même stratégie : se rapprocher de Téhéran et de Moscou tout en condamnant une solution visant à maintenir le régime de Damas.
L’intention est louable, mais la réalité veut que les alliés d’Assad ne sont pas prêts à le lâcher alors qu’ils l’ont emporté sur le terrain.
L’échec des négociations de Genève au début de décembre est là pour le rappeler, cruellement. Assad ne négocie pas avec ses opposants, qu’il ne reconnaît pas, même sous la pression de la Russie. Selon une mécanique bien rodée, il joue tour à tour de l’appui de Téhéran ou de Moscou qui le tiennent à bout de bras et ne veulent pas le lâcher. Il est donc inutile de parier sur sa disponibilité au dialogue.
Le jeu de Téhéran
Fort de ses positions au Liban, où le Hezbollah s’est imposé comme acteur incontournable de la vie politique, Téhéran mise sur une normalisation des relations libano-syriennes avec pour moyen de pression le règlement du problème du million et demi de réfugiés syriens qui pèsent lourdement sur la stabilité du pays du Cèdre et sur sa capacité à renouer avec la croissance.
Le deuxième dossier sur lequel mise la république des mollahs est l’affaire de Jérusalem. Si, au niveau de Washington la position est tranchée, l’Union européenne, qui s’en tient au droit international et aux résolutions des Nations unies, se trouve paradoxalement dans une situation de faiblesse en raison principalement du lâchage américain qui favorise les positions intransigeantes d’Israël et de l’Iran.
Enfin, sur le dossier yéménite, Téhéran appuie plus ouvertement encore le mouvement Houthi depuis les tentatives de rapprochement avec Riyad qui ont entraîné l’assassinat de l’ancien président Saleh le 4 décembre. Les missiles de fabrication iranienne lancés par les Houthis à deux reprises sur Riyad sont le prélude à une aggravation du conflit.
Incohérence à Washington
Aucun progrès décisif ne peut avoir lieu au Proche-Orient sans une politique américaine cohérente et déterminée. Le brouillard entretenu par l’administration Obama, qui avait pour politique le désengagement militaire après la malheureuse période de l’administration de George W. Bush, se poursuit de manière encore plus incohérente avec Donald Trump.
La signature de l’accord sur le nucléaire iranien sans qu’il soit assorti de conditions sur l’arrêt du programme de développement de missiles balistiques et de l’arrêt de l’ingérence iranienne en Irak, en Syrie et au Liban, a affaibli la position de Washington, de ses alliés européens et arabes et a eu pour conséquence indirecte la crise du Yémen et celle entre Riyad et le Qatar.
Mais c’est la question de Jérusalem et son corollaire – la création d’un Etat palestinien avec une capitale partagée entre Israéliens et Palestiniens – qui pèsera lourdement sur la stabilité de cette région du monde.
Entretemps, on se retrouve avec une alliance occidentale fragmentée, un régime iranien qui continue son travail de sape pour asseoir son influence, et une Russie qui engrange méthodiquement les points qui renforcent sa présence et lui donnent des atouts supplémentaires dans de futures négociations.
Mais pour l’heure, le feu couve. Et la diplomatie, impuissante, ne peut que tenter de colmater les brèches.