Réformer, refonder l’Europe, certes, ni ses pays, ni le monde ne sont plus ce qu’ils étaient il y a soixante ans. Mais de quelle Europe s’agit-il ?
Une Europe nation ? Il faut des siècles pour former une nation, l’Europe est une famille, elle n’est pas une nation.
Une Europe puissance ? Comment en serait-elle une, alors qu’avec vingt-sept membres aux vues et aux intérêts souvent différents, elle ne peut pas avoir une véritable politique étrangère à l’échelle du monde, et que d’autre part tous ses membres ne sont pas prêts à l’effort d’une défense commune.
Alors, une Europe économique, écologique, un peu sécuritaire ? Ce ne serait déjà pas si mal ! Mais un pays ne peut pas y jouer tout son destin et, au demeurant, cette Europe elle-même, quelle est-elle ?
Est-elle à vingt-sept ou bien limitée aux membres de la zone euro ? Aux institutions de l’Union européenne, qui ont déjà souvent tendance à se chevaucher, va-t-on ajouter des institutions propres à la zone euro ? Pense-t-on vraiment que l’Europe à vingt-sept survivrait avec des citoyens qui seraient ainsi de deuxième classe ? Ou bien va-t-on faire une Europe à plusieurs vitesses ? Elle n’est pas un club sportif où chacun choisit ses disciplines.
L’Europe est nécessaire à la France. Mais c’est la condamner à terme que de continuer à y voir comme un mythe au lieu de dégager objectivement les solidarités existant vraiment entre tous ses membres afin d’en faire une communauté vivante et pérenne.