Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, est devenu l’une des principales figures du populisme en Europe. Non seulement il s’est opposé à la plupart de ses partenaires européens en refusant d’accueillir des quotas d’immigrés mais il n’a pas craint d’être accusé de violer l’Etat de droit, considéré comme une des valeurs fondamentales de l’Union, en développant le concept de « démocratie illibérale », appliqué à la Hongrie. Dans un tel régime, les contre-pouvoirs qui assurent l’équilibre des démocraties libérales ne doivent pas faire obstacle à la volonté populaire issue des élections. C’est au nom de cette théorie politique que Viktor Orban s’est attaqué en particulier à la justice et à la presse. Le politologue Jacques Rupnik, directeur de recherche au CERI (Centre de recherches internationales de Sciences Po), évoque, dans un étude pour l’Institut Montaigne, le parcours du premier ministre hongrois.
Comment rendre compte de la mutation de Viktor Orbán, jeune leader d’un parti libéral et pro-européen, puis adepte d’une “démocratie illibérale”, et Premier ministre d’un pays membre de l’UE ayant concentré entre ses mains des pouvoirs considérables, triomphalement réélu en avril après une campagne, où l’on pouvait voir des panneaux "Stop Brussels" ? S’agit-il d’un reniement des idéaux de 1989 et de ce qu’il représentait alors ? Faut-il chercher dans la personnalité de Viktor Orbán, ses préférences et ses détestations, le fil conducteur d’une évolution vers un autoritarisme bénin ? Ou s’agit-il de postures opportunistes successives qui lui ont permis de conquérir, préserver et progressivement étendre son pouvoir personnel au point de soulever des interrogations sur l’évolution du régime ?