Préfacé par Gilles Perrault, auteur en 1990 de « Notre ami le roi », ce livre sur le successeur d’Hassan II, dépeint un monarque – « le fils de notre ami le roi » – qui, sous des dehors modernistes, perpétue un système, institué par son père, fait de prédation et d’absolutisme sur la vie politique, économique et judiciaire.
En neuf chapitres et plus de 230 pages très documentées, Omar Brouksy déconstruit le mythe du « roi des pauvres » qu’il décrit comme un « potentat et ses potes, peu nombreux mais influents ». « Commandeur des croyants », mais à la tête d’une société privée première importatrice d’alcool, chef des armées dont il couvre – comme son père avant lui – les généraux de privilèges, Mohammed VI, appelé familièrement « M6 », a progressivement muselé la presse, qui avait profité d’une période de liberté à la fin du règne d’Hassan II, après avoir paralysé la vie politique – gouvernement et ministres n’ayant pratiquement aucun pouvoir de décision.
Dans un dernier chapitre intitulé « Saint-Marrakech-des-Prés », Omar Brouksy détaille la promiscuité entre la monarchie marocaine et les décideurs politiques français dont elle entretient généreusement les luxueuses vacances à Marrakech.
Journaliste enquêteur, ancien rédacteur à l’hebdomadaire marocain « Le Journal » et à l’AFP, juriste de formation, Omar Brouksy plaide pour une monarchie constitutionnelle – dont le budget serait contrôlé par le Parlement – et pour un Etat de droit. Il rejoint en cela la position du prince Hicham Ben Abdallah el Alaoui, cousin de Mohammed VI, auteur récemment du « Journal d’un prince banni ».
« Mohammed VI, derrière les masques » d’Omar Brouksy, nouveau monde éditions, 16, 90 euros.