Alors que la coalition occidentale a enclenché, le 17 octobre, la bataille contre Daech à Mossoul (nord de l’Irak) et a l’intention de la prolonger à Raqqa (est de la Syrie) pour prendre en tenaille le califat autoproclamé de l’organisation Etat islamique, l’aviation russe et les combattants mobilisés par l’Iran – syriens, libanais, irakiens, afghans et pakistanais – sont en passe de conquérir Alep (nord de la Syrie) et d’imposer une solution politique qui préserve le contrôle du régime de Bachar el Assad sur la « Syrie utile ».
Un an après le début de son intervention militaire en Syrie, Vladimir Poutine a su bénéficier de la prudence de Barack Obama, manifeste en septembre 2013 quand le président américain a renoncé à faire appliquer les « lignes rouges » qu’il avait lui-même fixées. Il a également réduit le rôle d’Erdoğan à la défense des intérêts de la Turquie contre les séparatistes kurdes.
Priorité au combat contre l’islamisme armé
Isolé à l’ONU, qui a qualifié de « crimes de guerre » la campagne de bombardements sur la population d’Alep par l’aviation russe, Moscou poursuit sa politique de la terre-brûlée pour mettre à genoux toute opposition au régime du dictateur de Damas.
Sollicité par Téhéran au printemps 2015 pour venir à la rescousse de son allié syrien, Vladimir Poutine permet ainsi au régime des ayatollahs de tendre un arc horizontal du Golfe persique à la Méditerranée, isolant l’Arabie saoudite empêtrée dans une crise politique et économique que son grand allié américain ne peut secourir – Washington s’étant fixé comme priorité la signature de l’accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015.
Plus encore, Vladimir Poutine, de concert avec Téhéran et Damas, affirme qu’il se bat contre le terrorisme islamiste au même titre que la coalition occidentale qui a pour priorité d’abattre la citadelle Daech, oubliant au passage son soutien à une révolution syrienne tombée dans le piège de l’islamisme armé.
Impasse politique
La bataille contre Daech sera longue et difficile, admettent les dirigeants de la coalition occidentale aussi bien que les dirigeants irakiens, turcs ou kurdes.
Le démantèlement du califat autoproclamé est en cours. Mais l’inconnu réside dans le prix à payer par les populations civiles prises de facto en otage. L’autre crainte est dans la poursuite d’une guérilla islamiste armée géographiquement incontrôlable et d’attentats terroristes loin des bases de Daech.
Sur le plan politique, l’impasse est totale. Ce n’est pas sur les ruines d’Alep ou de Mossoul que l’on pourra aisément reconstruire un Etat syrien ou Irakien sans prendre en compte les besoins des populations en matière de logement, de soins, d’éducation et in fine de droits politiques.
Les crises syrienne et irakienne sont le miroir d’une crise des relations internationales qui n’est pas près de s’apaiser.