Les situations de départ étaient très différentes. A Vienne : une grande coalition entre sociaux démocrates (SPÖ) et conservateurs (ÖVP). A Munich : un gouvernement monocolore de l’Union chrétienne-sociale (CSU), la branche bavaroise de la démocratie chrétienne allemande, le parti de la chancelière Angela Merkel.
Dans les deux cas cependant, les grands partis ont perdu des voix au profit de petits partis protestataires. En Bavière, les « électeurs libres » font pour la première fois leur entrée au Parlement régional avec 10% des suffrages, tandis qu’en Autriche, les deux partis d’extrême-droite atteignent ensemble un score de 29%, du jamais vu depuis la création de la deuxième république après la guerre.
Les conséquences aussi sont différentes. A Munich, la CSU reste le parti le plus fort, avec 43% des voix. Elle perd cependant la majorité absolue qu’elle détenait au Landtag depuis... 1962. Elle chute de près de 18 points par rapport aux dernières élections de 2004 mais sa déconfiture ne profite pas au Parti social-démocrate qui recule lui aussi. Outre les « électeurs libres », ce sont les Verts et les libéraux qui progressent ainsi que la gauche radicale Die Linke, qui rate de peu son entrée dans le Landtag. Elle recueille 4,7%, juste au dessous du seuil de 5%, nécessaire pour avoir des élus.
Retour de l’extrême-droite autrichienne
En Autriche, la droite populiste et radicale est la grande bénéficiaire du discrédit qui touche les deux grands partis. Ces derniers étaient alliés dans une grande coalition comme ils l’ont été souvent dans les cinquante dernière années. En 2000, le chancelier Wolfgang Schüssel (ÖVP) avait brisé un tabou en s’alliant avec le Parti libéral (FPÖ) de Jörg Haider, un parti d’extrême-droite. Cet événement avait entraîné des sanctions contre l’Autriche de la part de l’UE et envenimé les relations entre Bruxelles et Vienne. Le calcul de Wolfgang Schüssel était simple : en faisant participer un parti extrémiste et protestataire au pouvoir, il comptait sur un affaiblissement durable du FPÖ.
A court terme, Schüssel a gagné son pari. Le FPÖ s’est divisé, Jörg Haider s’est replié sur son fief de Carinthie et a fondé un petit parti dissident, le BZÖ (Alliance pour l’avenir de l’Autriche), qui n’arrivait pas décoller. Le FPÖ, dirigé par Hans Christian Stache, un extrémiste de droite encore plus radical que Haider, avait du mal à s’imposer.
Mais les déboires de la grande coalition formée en 2007 sous la direction du social-démocrate Alfred Gusenbauer, ont redonné des couleurs à l’extrême-droite autrichienne. Pourtant, le SPÖ, avec son nouveau chef Werner Faymann, avait épousé les thèses anti-européennes du tandem Haider et Stache, soutenues par le quotidien les plus puissant d’Autriche, la Kronen Zeitung, lue par 43% des Autrichiens. Il n’a pu cependant enrayer la montée de la droite populiste mais il a sauvé ses positions. Premier parti d’Autriche, le SPÖ devrait guider la prochaine coalition. Toutes les combinaisons sont possibles : une nouvelle grande coalition, avec de nouvelles personnalités, voire une alliance du SPÖ et de l’extrême-droite qui se sont rapprochés sur des thèses populistes et eurosceptiques pendant la campagne. Comme le disait avant le scrutin un vieil observateur de la scène autrichienne, « le SPÖ va gagner les élections et perdre son âme ».