Contre l’isolationnisme européen de David Cameron

Dans une tribune publiée dans The Independent (3.11.2009), Poul Nyrup Rasmussen, président du Parti Socialiste Européen (PSE) et ancien Premier ministre du Danemark, explique pourquoi la politique isolationniste européenne que mène David Cameron, chef du Parti conservateur britannique, les Tories, entraîne la Grande-Bretagne dans un « cul-de-sac » (en français dans le texte) . Nous en traduisons de larges extraits. Source : The Independent (http://indyeagleeye.livejournal.com/21963.html)

Après des années de travaux, le dernier obstacle à la ratification du traité de Lisbonne a été enfin levé avec l’adhésion de la République tchèque. Soulagés, les dirigeants européens, de gauche comme de droite, vont pouvoir s’attaquer aux défis que sont la crise financière mondiale, le changement climatique et le terrorisme. Il ne reste plus qu’un seul parti conservateur à vouloir faire porter le combat global contre cette action : celui de Cameron […].
Le président Obama estime que le poids de Cameron est négligeable, mais Angela Merkel, en Allemagne, et Nicolas Sarkozy, en France, le prennent sérieusement au mot. Sa collusion avec des partis marginaux de droite, et sa promesse de renégocier un traité internationalement accepté, s’il est ratifié, horrifient la majorité des conservateurs. C’est pourquoi la CDU, le parti de la chancelière allemande, a rompu ses relations avec les Tories avant l’été dernier. Même le Président tchèque, Vaclav Klaus, les rejette aujourd’hui. Les événements prennent une tournure dangereuse. Ils risquent de laisser la Grande-Bretagne sans voix et sans alliés si Cameron gagne la prochaine élection. Le pays souffre déjà du mépris avec lequel les Tories traitent les partis conservateurs au Parlement européen. Leur influence en a été réduite d’autant, ce qui a affaibli leur capacité à représenter les intérêts britanniques dans les négociations sur les politiques communes […]
Les Britanniques sont réputés pour leur réformisme, tout comme les Danois […]. Gordon Brown a été extrêmement efficace en persistant dans cette voie en Europe. Mais les Conservateurs s’en sont écartés, alors que le courant réformiste exige plus d’efficacité et de transparence dans les décisions européennes afin de progresser dans le monde, en relation avec les grandes puissances comme les Etats-Unis et la Chine. C’est tout simplement fondamental pour l’avenir de toutes nos nations.
L’Union européenne est la plus importante région économique du monde : elle est vitale pour l’avenir économique de la Grande-Bretagne et de tous les pays européens, et pas seulement en temps de récession. Gordon Brown ne le sait que trop et à initié en ce sens les efforts européens pour combattre la crise. Mais si Cameron, élu, tient sa promesse d’organiser un referendum sur tout ou partie du Traité européen, cela sera considéré comme une agression de la loi européenne et remettra en question la participation du pays à l’UE. Il y a une raison pour que les gouvernements fraîchement élus respectent les traités internationaux : s’ils ne le faisaient pas, leurs partenaires internationaux leur tourneraient le dos. Personne ne devait le souhaiter, et surtout pas durant cette crise où nous devrions être tous solidaires, et non faire bande à part.
Les dirigeants européens de gauche et de droite veulent conserver la Grande-Bretagne au sein de l’Europe. Les Tories de Cameron devraient le vouloir, eux aussi.