Après avoir reçu Vladimir Poutine au fort de Brégançon l’année dernière, Emmanuel Macron voulait renouer le dialogue avec ce grand pays et parler clairement de tous les sujets. Plus récemment le président français était attendu à Moscou. Après que les Européens ont admis la thèse de l’empoisonnement de l’opposant russe Alexei Navalny, il n’en est plus question. Il semble que le « reset » français avec Moscou a fait long feu. Malgré les belles paroles des diplomates, il n’a pas mieux fonctionné que celui d’Obama naguère. Pendant que les politiques expansionnistes révisionnistes de Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdoğan développent leurs positions en Méditerranée, au Moyen-Orient, dans le Caucase et jusqu’en Afrique, Donald Trump après avoir déchiré l’accord sur le nucléaire signé avec l’Iran, dans un dernier sursaut, ne retient pas ses amis d’encourager les ultra-conservateurs en Iran, et de creuser la faille entre ce pays et ses voisins.
Dans le Haut-Karabakh, pour Marie Mendras (voir Boulevard Extérieur le 1er décembre), c’est la Turquie qui a imposé son jeu à Poutine en faisant occuper l’Artsakh par les Azéris. Jean-Sylvestre Mongrenier voit dans cette remise en question des frontières et des statuts la manifestation d’une connivence entre la Russie et la Turquie.
Longtemps rivales, sinon opposées, les deux nations se sont désormais choisi deux ennemis élus communs, l’Europe et l’OTAN. Poutine a toujours ignoré l’interlocuteur européen au profit de dialogues bilatéraux et il voit dans l’appartenance d’un pays à l’OTAN la preuve qu’il est un ennemi de la Russie. Erdogan vocifère contre le président français et nargue l’alliance dont il est membre en achetant des S 400 russes.
Et que font la France et l’Europe ? Europe, sur la place du Maïdan, était synonyme d’Etat de droit. L’Europe bienveillante tant attendue est en train de négocier des accords avec ceux de ses membres qui menacent l’indépendance de la justice et la liberté de la presse. Le président Macron, après Brégançon, expliquait qu’il fallait pouvoir débattre de tous les problèmes. Mais dans ses entretiens à Paris le 7 décembre avec le président égyptien, le maréchal Sissi, Emmanuel Macron a évoqué la non-ingérence - dans les affaires d’un possible allié contre l’expansionnisme régional turc – plutôt que les droits des milliers de prisonniers détenus en Egypte.
Est-ce que l’épidémie de coronavirus s’est attaquée aussi au respect du droit international et au respect des droits de l’homme ?