Les dissensions entre pays d’Europe centrale et orientale face à la crise économique et financière ne cessent de s’exprimer. Le Premier ministre hongrois, Ferenc Gyurcsany, réclame une aide globale aux banques des pays de l’Est. Le 5 mars, il s’est à nouveau exprimé en ce sens en présence de son homologue autrichien, le chancelier Werner Faymann, sachant que les banques autrichiennes ont les plus importants engagements étrangers dans la région ; et que Vienne a poussé l’UE à prendre des mesures régionales en faveur des pays de l’Est.
Comme la plupart des Etats membres, la République tchèque, qui exerce la présidence tournante de l’UE, et la Pologne ont rejeté le projet hongrois lors d’un Sommet européen extraordinaire sur la crise, le 1er mars à Bruxelles. "On ne peut pas mettre tous les pays dans le même panier. La situation du secteur bancaire en Slovaquie, République tchèque et Pologne est très bonne, même en comparaison avec les pays occidentaux", indique Milena Vicenová, l’ambassadrice tchèque auprès de l’UE. Prague et Varsovie ne tiennent pas à être mises dans le même sac que la Hongrie et la Lettonie, les plus touchées à l’Est, qui ont dû emprunter au Fonds monétaire international (FMI).
Or selon l’AFP, Budapest propose d’injecter du capital dans les filiales régionales des banques occidentales à la hauteur de 50 à 60 milliards d’euros, de donner une aide de 35 à 45 milliards d’euros aux banques qui changent leurs structures ainsi que 75 à 85 milliards d’euros pour revigorer l’économie réelle régionale. Pour l’heure, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque européenne d’investissement et la Banque mondiale vont apporter jusqu’à 24,5 milliards d’euros sur deux ans aux banques et entreprises d’Europe de l’Est.
Objectif euro
Le 1er mars, M.Gyurcsany mettait en garde contre une "seconde phase de réactions systémiques qui affecterait surtout les économies de la zone euro", si l’UE n’aidait pas davantage les pays d’Europe de l’Est. Il alertait sur l’augmentation de la pression sur la solvabilité des banques occidentales, la chute des exportations mondiales, les tensions politiques et les pressions migratoires dues à la hausse du chômage dans la région.
Mais l’UE l’a donc rejeté en bloc, ne voyant pas de spécificité à la région d’Europe centrale et orientale. D’autant plus que la Grèce et l’Irlande souffrent également. Elle a donc confirmé vouloir répondre aux problèmes de liquidités et de changes de ses pays membres "au cas par cas".
Reste l’autre plaidoyer de Budapest, qui trouve cette fois-ci un écho à Varsovie : accélérer l’intégration dans la zone euro des pays de l’Est en réduisant la période des deux ans prévue par le système d’adhésion. Là aussi, les chefs d’Etat et de gouvernement sont restés fermes sur les cinq critères monétaires et budgétaires fixés par le Traité de Maastricht : stabilité des prix, déficit et dettes publics, taux de change et taux d’intérêt à long terme. Selon le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, même s’il y a eu des "discussions" sur une éventuelle intégration accélérée des pays d’Europe centrale à la zone euro, "la conclusion était très claire : il y avait un refus de la révision des critères pour entrer dans la zone euro".