BHL se multiplie dans la presse allemande pour fustiger l’abstention de Berlin sur la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant l’emploi de la force en Libye et exiger la démission de Guido Westerwelle, « un ministre moyen, incompétent qui peut-être même n’a aucune idée de ce qui se passe et qui, comme naguère Haider et aujourd’hui Berlusconi, n’est pas à la hauteur de ce désastre qui a nom Kadhafi » (entretien avec Die Zeit).
Dans ce même article, il raconte comment il a appelé Nicolas Sarkozy depuis Benghazi pour lui dire : « Mitterrand ou Chirac, vous avez le choix ». Pour le lecteur allemand, BHL explique que Mitterrand a eu le courage d’aller à Sarajevo rencontrer le président Izetbegovic (sous-entendu à l’instigation du philosophe lui-même) tandis que quelques années plus tard Chirac a eu peur de recevoir le commandant Massoud, le dirigeant de l’Alliance du Nord en Afghanistan que BHL présentait comme un parangon des vertus démocratiques. Ce que le nouvel inspirateur de la diplomatie française oublie de dire, c’est que le choix n’est peut-être pas aussi simpliste. En 1992, François Mitterrand est certes allé à Sarajevo où les Bosniaques musulmans étaient encerclés par les forces serbes mais il a refusé d’entreprendre quoi que ce soit contre Milosevic et ses alliés locaux. En revanche, dès son arrivée au pouvoir en mai 1995, Jacques Chirac a créé avec les Britanniques une force d’intervention rapide pour mettre fin aux prises d’otages perpétrées par les soldats serbes-bosniaques.
Selon la ministre allemande de la recherche, Annette Schavan, BHL a placé Angela Merkel devant un autre choix : « Staatsfrau oder Hausfrau », ce qui donne en français : soit vous vous conduisez comme une femme d’Etat (en vous séparant de Westerwelle et en rejoignant la coalition contre Kadhafi) soit vous vous comportez comme une simple femme au foyer. Excédée, la chancelière ne le prend plus au téléphone, raconte encore sa confidente, Annette Schavan, selon le site Spiegel-Online.