La plupart des dirigeants du monde ont été poussés à prendre des mesures exceptionnelles, mettant à l’arrêt l’économie, la vie sociale et, entre parenthèses, nos libertés. Sur le continent européen, cela s’est fait, comme d’habitude : chaque Etat a voulu décider par lui-même, mais finalement les décisions allaient grosso modo dans le même sens, à une exception près cependant, la fermeture des frontières. S’en suivit un profond désordre, le constat que le virus n’avait pas de nationalité et des divergences totalement inutiles : cela s’appelle « l’Europe des nations » !
Le second mouvement fut plus généreux. La Banque centrale a donné le ton et la Commission européenne a été au rendez-vous. Les filets de sécurité européens ont permis une mobilisation sans précédent de moyens financiers imposants. Toutes les ressources des institutions communes ont été sollicitées, leurs programmes, leurs fonds, leurs procédures. Au total l’Union et ses Etats membres ont déjà mobilisé potentiellement plus de 3 500 milliards €.
Il lui reste à décider la manière dont va s’exprimer une véritable solidarité entre ses membres au moment où elle doit adopter son budget pour les 7 ans qui viennent. Certains ont été plus affectés que d’autres par la pandémie et leur fragilité due au virus risque d’entraîner l’Europe et l’euro. La France et l’Allemagne suggèrent que les institutions communes s’endettent pour les aider.
70 ans après, c’est, en effet, la déclaration Schuman du 9 mai 1950 qui nous montre encore la voie : « (...) L’Europe se fera par des réalisations concrètes créant une solidarité de fait ». C’est ce que proposent aujourd’hui les deux nations à l’origine de la construction européenne.
La solidarité dans l’euro et dans l’Union existe déjà. L’affaiblir c’est s’affaiblir. Que ceux qui hésitent n’oublient pas ce qu’ils doivent au marché intérieur, aux règles européennes, aux dépenses communes, à la solidarité des alliés après le Second conflit mondial... Et que la Commission européenne se montre à la hauteur des enjeux, car il s’agit ni plus ni moins que de reconstruire une économie dévastée par son arrêt brutal.
Au lendemain de la guerre, les Etats européens n’ont survécu que grâce à ces solidarités tissées de longue main. Il en ira de même aujourd’hui pour construire l’économie du futur.