Belgique : vers le divorce

Pour José-Alain Fralon, auteur de La Belgique est morte. Vive la Belgique  ! (Fayard) et invité le 18 septembre de l’émission « Parcours européen » sur la radio Fréquence protestante, il est peu probable que la Belgique survive à son deux centième anniversaire en 2030. Dans vingt ans, pronostique l’auteur, le divorce sera consommé. 

Trois mois après le succès des indépendantistes en Flandre et des socialistes en Wallonie aux élections législatives de juin, les négociations continuent entre les deux communautés pour la constitution d’un nouveau gouvernement. ; Les discussions portant moins sur ce que les deux parties du pays entendent faire ensemble que sur ce qu’elles ne veulent plus faire ensemble, tant les perspectives de séparation se précisent.

 

La question de Bruxelles

Si elle devient indépendante, la Flandre semble prête à renoncer à garder Bruxelles. Ce choix pourrait débloquer les négociations entre les deux communautés. Selon José-Alain Fralon, le principal obstacle est en voie de règlement : la question de Bruxelles. La capitale belge est en territoire flamand. Elle est aussi la capitale de la Flandre. Mais elle est très majoritairement francophone, même si elle est officiellement bilingue. Elle est revendiquée, en cas de scission, par les deux communautés.

Le fait nouveau, affirme José-Alain Fralon, est que désormais les Flamands acceptent l’idée d’y renoncer. « Ils ont fait une croix sur Bruxelles », dit-il. Les Flamands estimeraient aujourd’hui que leur pays devenu indépendant « peut se passer de Bruxelles ». Dès lors l’hypothèse d’une division entre la Flandre d’une part, la Wallonie et Bruxelles de l’autre devient plausible.

Certes la question, vivement controversée, des communes à majorité francophone de la périphérie bruxelloise, en territoire flamand, ne serait pas réglée pour autant. José-Alain Fralon pense que les habitants de ces communes seront tôt ou tard appelés soit à apprendre le flamand soit à émigrer vers Bruxelles ou la Wallonie. Ce sera la contre-partie, sans doute inévitable, de l’abandon de Bruxelles par la Flandre.

La Flandre dans l’Europe

Si ce schéma se vérifie, la frontière linguistique deviendra la frontière entre deux Etats souverains, néerlandophone au Nord, francophone au Sud. Une Flandre indépendante, pourquoi pas ? Cela ne changera pas grand-chose, note José-Alain Fralon. Elle demandera son adhésion à l’Union européenne, elle gardera la même monnaie, ne fermera pas ses frontières. « Plus l’Europe se fait, moins c’est compliqué pour un Etat d’être indépendant ». A terme, la Flandre formera un ensemble culturel avec les Pays-Bas, l’antinomie religieuse s’atténuant à mesure que ceux-ci deviennent majoritairement catholiques.

Du côté francophone, José-Alain Fralon écarte la perspective du rattachement de la Wallonie à la France, qui n’est revendiqué que par une petite minorité de francophones et qui n’est pas non plus souhaité par une majorité de Français. En outre, les pays voisins – la Grande-Bretagne, l’Allemagne – verraient d’un mauvais oeil cet élargissement de la France, qui pourrait donner un mauvais exemple à certains Etats d’Europe de l’Est comme la Hongrie.

De même la transformation de Bruxelles en un district européen, sur le modèle de Washington aux Etats-Unis, paraît à l’auteur « une vue de l’esprit ». Reste donc la solution d’un Etat belge francophone, avec Bruxelles pour capitale et le roi Albert II pour souverain. Un « divorce par consentement mutuel » qui conduire à l’ « évaporation » de l’Etat belge promise par le chef du parti indépendantiste flamand, Bart De Wever.