Recul dans la continuité : tel est le bilan des élections régionales dans le Land de Sachsen-Anhalt (capitale Magdebourg). La démocratie-chrétienne a perdu 3,6 points mais reste avec 32,5% des voix, le premier parti. Elle est suivie par Die Linke, héritier du PDS lui-même rejeton du parti communiste est-allemand du temps de la RDA (23,5%). Le SPD (social-démocrate) arrive en troisième position.
Jusqu’à maintenant, le SPD était le junior partner dans une coalition avec la démocratie chrétienne mais était prêt à former un gouvernement rouge-rouge, avec la gauche radicale, à condition d’être en mesure de désigner le ministre-président. Die Linke étant plus fort, ce parti peut revendiquer le poste de chef du gouvernement régional. Ce serait une première en Allemagne depuis la réunification. Mais cette hypothèse a été exclue par les sociaux-démocrates qui préfèrent reconduire la grande coalition avec la CDU.
La continuité l’emporte donc mais ces élections n’en comportent pas moins deux autres enseignements importants pour la politique nationale. Outre le recul de la CDU, dû pour une large part à des considérations personnelles locales, la défaite des libéraux (FDP) et la percée des Verts laissent entrevoir un nouveau rapport de forces. Celui-ci pourrait se concrétiser, dimanche 27 mars, lors des élections régionales dans le Bade-Wurtemberg, dont les conséquences seraient autrement dévastatrices pour la coalition CDU-CSU-FDP au pouvoir à Berlin depuis septembre 2009.
Dernière ligne droite avant Stuttgart
A Magdebourg, les libéraux ne seront plus représentés au Landtag, ayant obtenu moins de 5% des suffrages. Si la même mésaventure leur arrivait à Stuttgart, les chrétiens-démocrates ne pourraient pas s’y maintenir au pouvoir, alors qu’ils désignent le ministre-président du Bade-Wurtemberg depuis les années d’après-guerre.
Quant aux Verts, ils font leur retour au Landtag de Sachsen-Anhalt, en doublant leur voix. Ils ont le vent en poupe et la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon leur a donné des arguments dans un pays où la majorité de la population, gauche et droite confondues, est méfiante vis-à-vis de l’atome. Dans le Bade-Wurtemberg, les sondages les créditent d’environ 25% des voix. Suffisamment pour avoir une majorité avec les sociaux-démocrates, qu’ils pourraient même devancer. Si tel était le cas, ce serait la première fois qu’un Land serait gouverné par un membre du parti vert.
Ce serait surtout une défaite cuisante pour la démocratie-chrétienne, pour la coalition « bourgeoise » et pour Angela Merkel personnellement. La vie politique allemande en serait bouleversée. C’est pourquoi tous les regards des politiques et des observateurs seront tournés dimanche prochain vers Stuttgart.