"Le meilleur président", titre cette semaine le magazine de Hambourg Der Spiegel sous la photo de Joachim Gauck. Cet ancien pasteur de 70 ans, originaire d’Allemagne de l’Est où il avait toujours été un opposant au régime communiste, est le candidat des sociaux-démocrates (SPD) et des Verts pour l’élection présidentielle du 30 juin. Il est opposé à Christian Wulff, ministre-président de Basse-Saxe, le candidat choisi par Angela Merkel. La démission du président Horst Köhler (CDU), réélu pour cinq ans en 2009, a pris de court toute la classe politique allemande.
La chancelière s’est efforcée de régler aussi vite que possible la question de la succession pour ne pas ajouter un problème supplémentaire aux difficultés auxquelles fait face sa coalition avec les libéraux du ministre des affaires étrangères, Guido Westerwelle. Son choix s’était d’abord porté sur Ursula von der Leyen, ministre du travail. Mais les conservateurs au sein de la démocratie chrétienne ont pensé que deux femmes, qui est plus est deux protestantes, à la tête de l’Allemagne, c’était un peu trop. Angela Merkel a alors fait appel à Christian Wulff, un bon catholique qui, s’il est élu, la débarrasse d’un de ses rivaux au sein de la CDU.
En proposant Joachim Gauck, un républicain et un démocrate convaincu, qui a dirigé pendant dix ans l’autorité chargée de gérer les archives de la Stasi après la réunification, le SPD et les Verts ont mis la coalition dans l’embarras. Il y a peu, à l’occasion du 70è anniversaire de Joachim Gauck, Angela Merkel avait prononcé à son endroit un éloge vibrant. Il lui est difficile de le critiquer aujourd’hui. De plus, des voix se font entendre en faveur de l’ancien pasteur dans les rangs mêmes des libéraux et des chrétiens démocrates.
Le futur président sera élu par l’Assemblée fédérale qui regroupe les 622 députés au Bundestag et le même nombre de délégués désignés par les parlements des Länder. La coalition d’Angela Merkel y dispose théoriquement d’une majorité d’une vingtaine de voix. Mais une surprise n’est pas exclue.
