Le président Macron se plait à juger des épisodes de l’Histoire de France.
Se pose avec lui la question de savoir si l’on peut légitimement porter des jugements par référence à des valeurs qui sont aujourd’hui les nôtres, sur des agissements et des comportements relevant d’autres temps ayant souvent d’autres valeurs.
Il ne saurait être question de faire preuve de complaisance, ni a fortiori de donner l’absolution pour des faits passés. Mais il est trop facile de condamner aujourd’hui ceux qui, en leur temps, ne pouvaient pas avoir conscience qu’ils fautaient par rapport à nous-mêmes.
Au reste, blanche ou noire, la réalité n’a jamais été aussi simple que nous aimerions le croire. Ainsi par exemple la colonisation a généré les pires excès. Mais des centaines d’administrateurs des colonies étaient fondés de leur côté à croire qu’ils accomplissaient une mission civilisatrice.
D’ailleurs, soyons modeste : nous ne savons pas le jugement que nos enfants et nos descendants porteront sur ce que nous faisons à partir de critères qui seront alors les leurs.
Mon âge (89 ans) m’a donné à connaître, collectivement et personnellement, des drames et de grandes joies. Je n’en tire pas le droit de juger le passé.
Il n’est pas question de s’en désintéresser. Mais l’expérience m’a montré qu’il est à la fois difficile et nécessaire de s’employer à le connaître et à le comprendre dans un esprit critique, et non pas avec parti pris. Il est alors possible d’en tirer des enseignements sans vouloir pour autant prétendre vouloir donner des leçons.