On a tant répété au peuple, partout et depuis des décennies, qu’il est souverain, qu’il a fini par s’en persuader.
Ce ne sont que mouvements, d’Asie en Amérique latine, d’Afrique au Maghreb et au Moyen-Orient. Si ces mouvements peuvent s’incarner dans une histoire ou s’identifier à une nation, il s’agit avant tout du Peuple, non de celui des révoltes et des révolutions. Des hommes de toutes origines, tous âges et toutes situations se rassemblent dans l’unité fraternelle d’une dignité commune et l’aspiration à une égalité et une justice mythiques. Nulle part il n’y a de chef et nul ne peut prétendre à être un leader.
Le temps passant, l’idéal tend toujours à rejoindre la réalité, sans jamais pouvoir y parvenir. Au reste, les mouvements sont trop divers dans leurs lieux et par les hommes qui les composent pour que l’on puisse escompter en une issue universelle, serait-elle religieuse.
Ici ou là, à un moment ou à un autre avant que le désordre ne l’emporte, le besoin se fait sentir d’un ressaisissement. « Celui-ci ne dépendra pas de l’action de quelques hommes providentiels, il ne sera le produit ni de systèmes, ni d’idéologies. C’est de la base que tout devrait commencer. Des résistants, d’abord isolés, auront la volonté d’agir autrement, le courage de le faire et la foi en la possibilité de réussir. Ils formeront des petits groupes qui peu à peu grandiront. Leur exemple et leur résolution entraîneront d’autres à leur suite, de plus en plus nombreux. Des ensembles plus importants se mobiliseront à leur tour, tirant une vigueur accrue d’échanges entre eux devenant continus. Dans une démarche en quelque sorte impressionniste, un nouvel esprit viendra à se former et à se répandre. Une volonté collective se dégagera, dans la conviction qu’il est vain de chercher seulement à s’adapter aux évènements au fur et à mesure de leur survenance, que l’avenir ne doit pas s’attendre, qu’il est possible de contribuer à sa construction, que le pire danger est de renoncer à le faire en restant passif dans l’expectative apeurée de ce qui pourrait se produire. Alors de nouveaux tissus sociaux se créeront avec des formes d’organisations inédites qui, hors tout esprit de système, pourront varier selon les lieux et les époques … Ce sera à la fois un recommencement et une renaissance ».
Un Age nouveau commencera où l’Homme, dans ses permanences, mais de façon souvent inédite, poursuivra sa quête en un destin dans un monde qu’il aura lui-même largement contribué à transformer.