En décidant une extension des opérations aériennes en Syrie pour combattre les troupes de l’organisation « Etat islamique » (Daech), le président François Hollande veut peser sur une solution politique sans Bachar el Assad. Cette solution politique passe par une volonté d’inclure dans les négociations la Russie et l’Iran qui soutiennent le dictateur syrien sans qui, selon eux, il n’est pas possible de combattre le mouvement islamiste armé.
La coalition occidentale, alliée aux monarchies du Golfe, est d’accord avec la Russie de Vladimir Poutine sur la nécessité de s’unir pour combattre Daech. Mais la Russie, après avoir plusieurs fois laissé entendre qu’elle ne tenait pas pour nécessaire la survie du régime d’Assad, a envoyé des troupes et des instructeurs militaires ces dernières semaines et a affirmé sa priorité de combattre le mouvement islamiste dont de nombreux dirigeants et cadres militaires sont originaires du Caucase.
Cette présence militaire russe en Syrie, qui devrait se renforcer avec la construction d’une base militaire au sud de la ville côtière de Lattaquié, s’ajoute à la présence de nombreuses troupes de Gardiens de la révolution iraniens et autres milices chiites libanaise, irakienne, afghane ou pakistanaise venus renforcer le régime de Bachar el Assad.
Chefs de guerre
Les lignes militaires bougent peu. Des fiefs se sont constitués au bénéfice de chefs de guerre qui ne sont pas disposés à céder le terrain par la force ou par la négociation. Beaucoup d’entre eux reçoivent des financements des monarchies du Golfe.
C’est justement l’enjeu que se sont fixés à la fois les Russes et les Occidentaux pour trouver un terrain d’entente passant nécessairement par des troupes arabes au sol qui combattraient Daech et contribueraient à instaurer un régime de transition pour pacifier la Syrie et permettre aux quelque cinq millions de réfugiés dans les pays limitrophes (Turquie, Liban, Jordanie) de retourner dans leur pays et enfin de faire refluer le flot continue de migration vers l’Europe.
Des initiatives diplomatiques sont en train de se mettre en place à l’occasion de l’Assemblée annuelle de l’ONU qui se tiendra la semaine prochaine à New York, mais aussi à l’occasion de la conférence sur les minorités qui se tient en ce moment à Paris.
Tentatives de rapprochement entre Riyad et Téhéran
L’accord sur le nucléaire iranien a ouvert des perspectives de règlement des conflits en Syrie, en Irak et au Yémen. Des tentatives de rapprochement sont actuellement en cours pour concilier les points de vue saoudien et iranien dont les querelles se règlent sur le terrain des différents conflits.
L’Egypte du maréchal-président Abdel Fattah el Sissi est courtisée à la fois par les Occidentaux que par les Russes à coup de gros contrats militaires qui permettraient, espère-t-on, de faire contrepoids à l’hégémonie saoudienne. Une tentative de rapprochement entre le Caire et Damas a même eu lieu comme pour réveiller l’unionisme de l’époque de Gamal Abdel Nasser.
Toutes ces tentatives n’ont pas suffi pour combler le fossé qui semble toujours aussi profond entre les différents protagonistes d’une région fragmentée par les conflits armés et la faillite des Etats.
De ce fait, la marge de manœuvre des différents protagonistes est extrêmement ténue.
Les diplomates doivent tenir compte des rapports de force internes en Iran, de la position russe sur le conflit ukrainien qui l’oppose à la coalition occidentale, de la fragilité de la position saoudienne qui a formé une coalition militaire qui s’enlise au Yémen, de la grave crise à laquelle est confrontée la Turquie depuis la reprise des combats entre l’armée et les séparatistes kurdes du PKK au relent de guerre civile.
De ce fait, il est difficilement envisageable de résoudre le conflit syrien dans un proche avenir. Tout ce que pourront tenter de faire militaires et diplomates c’est d’essayer d’en contenir les métastases.