Le Premier ministre Antonis Samaras a décidé de jouer son va-tout après l’échec de son candidat au troisième tour de l’élection présidentielle. Il aurait pu chercher un compromis avec les députés indépendants, qui sont souvent d’anciens membres de son parti, la Nouvelle démocratie. Il l’a fait mais sans conviction. Il aurait pu aussi attendre le printemps pour provoquer le scrutin, car le mandat du président sortant Karol Papoulias ne se termine qu’en avril.
Mais Antonis Samaras a voulu percer l’abcès alors que la montée dans les sondages du parti de la gauche radicale, Syriza, paraissait inexorable. Les enquêtes d’opinion ne faisaient que confirmer le résultat des élections européennes de mai 2014. Syriza était arrivé en tête, avec 26,58% des voix, près de 4 points devant la Nouvelle démocratie (ND) et loin devant le PASOK, le parti socialiste membre de la coalition gouvernementale.
Un mécontentement croissant
La popularité croissante de Syriza reflétait le mécontentement de la population grecque face à la crise économique, à la politique d’austérité « dictée » par les institutions internationales et en particulier européennes, avec un chômage à 25%, une chute de 30% de la richesse nationale en quatre ans, et une dette qui loin de diminuer culmine à 175% du PIB.
En 2012, Samaras avait dû s’y reprendre à deux fois – deux scrutins à quelques semaines d’intervalle – avant d’obtenir un résultat électoral lui permettant de former une coalition avec le PASOK et le petit parti de la gauche démocratique qui a, depuis, quitté le gouvernement. Il avait fait alors campagne contre le mémorandum signé avec la « troïka » (Banque centrale européenne, Commission de Bruxelles et Fond monétaire international) avant de l’accepter une fois élu.
Aujourd’hui, il promet une sortie prochaine du mémorandum et conjure le chaos qui, selon lui, suivrait une victoire de Syriza au scrutin du 25 janvier. En jouant sur la peur, il espère qu’au moment de mettre leur bulletin dans l’urne, les Grecs reculeront devant l’inconnu que représenterait un gouvernement dirigé par Syriza.
La gauche radicale, menée par Alexis Tsipras, continue de faire la course en tête dans les sondages mais son avance sur ND se réduit. Sa victoire, dont la perspective a provoqué des déclarations contradictoires dans les capitales européennes et à Bruxelles et la fébrilité des marchés financiers, n’est pas acquise. Même si elle obtenait les quelque 30% de voix qu’évoquent les sondages et malgré le bonus de 50 sièges accordé au premier parti, elle devrait trouver des alliés pour obtenir la majorité à la Voulia.
L’effacement historique du PASOK
Plusieurs possibilités s’offriraient à Syriza. To Potami (le fleuve), une petite formation libérale créée juste avant les élections européennes par un journaliste de la télévision, ou la Gauche démocratique, sont des alliés potentiels. En revanche, le Parti communiste a exclu toute entente avec Syriza.
Le PASOK paie lourdement sa participation au pouvoir depuis le début de la crise. Alors qu’il avait encore obtenu la majorité absolue en 2010, il est tombé à 8% des voix aux européennes et les sondages ne le créditent maintenant que de 3,5%, soit à peine le seuil nécessaire pour avoir des députés. Son ancien président, Georges Papandréou, fils du fondateur du PASOK au lendemain de la chute des colonels en 1974, vient de créer son propre parti. Prendra-t-il des voix au PASOK ou à Syriza ? Même si son passage au gouvernement a laissé un bien mauvais souvenir aux Grecs, son nom seul pourrait lui attirer quelques sympathies.
En revanche, Aube dorée, le pari d’extrême-droite, qui avait obtenu encore 9,4% aux élections européennes, n’est crédité que de 3,8% des suffrages par les sondages.