Alexis Tsipras a joué gros et il a gagné son pari. Ses partisans jubilent. A peine les premières tendances connues, ses conseillers sont tombés dans l’emphase. Le peuple grec a manifesté sa dignité. Il a dit non au chantage, non à la guerre que les créanciers lui mènent. La démocratie l’a emporté sur la volonté hégémonique de l’Allemagne. Lui-même s’est montré plus modéré. Saluant certes une victoire du peuple sur les marchés financiers aveugles, il a tendu la main à l’opposition grecque afin de présenter un front uni dans les négociations dont il espère qu’elles reprendront bientôt avec les « institutions ».
Un pays en faillite
Le moment de satisfaction passé, le premier ministre grec ne pourra en effet pas échapper à une réalité : son pays est en faillite. Les banques sont fermées et elles ne pourront rouvrir mardi, comme prévu initialement, que si la Banque centrale européenne continue à leur fournir des liquidités. Les distributeurs de billets sont vides ; l’argent liquide devient rare. L’économie est à l’arrêt.
Alexis Tsipras a reçu un nouveau mandat contre l’austérité imposée par l’Europe mais il a besoin de recevoir plusieurs milliards des créanciers qu’il dénonce. Sa position de négociation sera-t-elle renforcée par le résultat du référendum ? Dans un premier temps, sans doute. Il pourra arracher quelques concessions supplémentaires par rapport aux propositions des « institutions » internationales qu’il a d’ailleurs déclaré accepter après avoir quitté la table des négociations. Avec une restructuration de la dette que même le FMI considère comme inévitable.
Un réveil douloureux
Toutefois, les Grecs qui ont voté contre l’austérité risquent d’avoir un réveil douloureux. Avec l’euro ou sans l’euro, il faudra bien revenir aux dures réalités. Pour sortir de la crise, l’aide étrangère est indispensable, tout comme le sont les mesures d’économies et les réformes douloureuses. Alexis Tsipras a besoin de quelque 50 milliards d’euros au cours des prochaines années pour maintenir la Grèce hors de l’eau. Il ne peut les recevoir que des partenaires contre lesquels il a appelé les Grecs à voter. Il doit maintenant trouver avec eux les compromis nécessaires, non en se drapant dans sa légitimité renouvelée, mais en tentant de les convaincre que cette fois, la réforme de l’Etat, la modernisation des services publics, la fin des privilèges et du clientélisme, seront menées avec détermination et sérieux. En un mot, en montrant que les Grecs qui ont voté « non » comme ceux qui ont opté pour le « oui », sont d’accord pour en finir avec le vieux système.